La Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) vise principalement à harmoniser les méthodes de mesure des externalités positives et négatives de l’entreprise, à rendre comparables les données ESG (environnementales, sociales et de gouvernance). Ce cadre réglementaire constitue un point de bascule majeur pour les secteurs industriels. Il introduit non seulement un ensemble de contraintes réglementaires, mais offre également une opportunité de repositionnement stratégique pour des entreprises plus durables et responsables. Dans cet article nous donnons la parole à Ali Kassaï Koupaï, Didier Borel et François Truffier, Directeurs Associés X-PM et experts dans le domaine de l’industrie.
La CSRD, révélateur de tendances majeures
Percevoir la CSRD comme un enjeu réglementaire c’est omettre sa capacité à mettre en avant des tendances environnementales et sociétales préexistantes dans le secteur industriel. Elle renforce la nécessité pour ces entreprises de s’aligner avec les exigences de leurs clients, les aspirations de leurs employés et les critères des investisseurs en matière de viabilité et de durabilité des pratiques d’affaires.
Un coût à prendre en compte
La mise en conformité avec la CSRD implique des coûts significatifs pour les entreprises notamment pour les entreprises de ces secteurs. Il est estimé que la collecte et la structuration des données nécessaires pour la « simple phase » de reporting s’élèveront à 3,6 milliards d’euros. Un coût à mettre en perspective avec ce que va révéler ces analyses : innovation, développement de business models plus pertinents demeurent les principaux leviers de conservation et d’amélioration de la compétitivité.
Une complexité accrue dans la gestion
Dans nos précédentes communications, nous avons souligné l’ampleur des défis liés à la collecte de données, ainsi que la difficulté d’harmoniser les initiatives RSE internes avec les nouveaux cadres réglementaires. Nous avons également abordé la complexité d’exploitation des systèmes d’information centraux ou métiers. A ces facteurs de complexité, s’ajoutent les conséquences immédiates de la publication du reporting CSRD ; à savoir la mise en œuvre des plans de remédiation, souvent totalement transverses et particulièrement entrelacés dès lors qu’il s’agit de production, d’outils industriels, de Supply Chain globales, etc.
Un levier de compétitivité
Le secteur industriel peut, sans doute mieux que d’autres, convertir les contraintes de la CSRD en opportunités, en tirant parti d’initiatives éco-responsables qui peuvent à terme devenir économiquement rentables. Un exemple parmi ceux que nous rencontrons ; le recyclage du verre était initialement perçu comme un fardeau mais a finalement permis de réduire significativement la consommation énergétique dans ce secteur. Ainsi, les entreprises proactives peuvent se différencier en adoptant des modèles plus durables qui séduisent les consommateurs et améliorent l’efficacité opérationnelle.
La nécessité d’une gouvernance et d’un management proactif
L’efficacité de la gouvernance est essentielle à la mise en œuvre réussie de la CSRD. Il ne suffit pas de se focaliser sur le reporting ainsi que nous venons de le démontrer ; il faut également des plans d’action qui transforment concrètement les pratiques de l’entreprise pour devenir plus vertueuses en termes d’environnement et de gouvernance et qui lui permettent si possible d’être plus compétitive.
Des compétences externes via le management de transition peuvent aider à structurer les plans, construire des systèmes d’informations efficaces et à mener ces transformations stratégiquement.
L’apport essentiel du management de transition
Le recours au management de transition se présente comme une solution pragmatique et immédiatement opérationnelle pour les entreprises du secteur industriel. Ces exigences nécessitent d’avoir non seulement une vision claire des objectifs de durabilité, mais également des compétences techniques et managériales pour élaborer et piloter les actions nécessaires. Le management de transition apporte cette expertise en s’inspirant des bonnes pratiques venant d’autres secteurs, en animant la créativité des équipes en interne et en développant la co-innovation avec les partenaires et start-ups. Les managers de transition spécialisés aux enjeux RSE et préparés à ceux spécifiques de la CSRD, apportent, souvent en urgence, des compétences clés en gouvernance, responsabilité environnementale et sociale.
Pourquoi est-il impératif d’agir maintenant ?
Le temps est une donnée essentielle dans l’application de la CSRD. Il est impératif pour les entreprises des secteurs industriels de voir cette directive comme une opportunité unique de se réorienter vers des pratiques plus durables tout en restant compétitives. Bien que cela puisse initialement sembler être un défi avec des coûts de mise en conformité élevés, les bénéfices à moyen et long terme en termes d’efficacité énergétique, de captation de financements et de compétitivité du marché, de mobilisation des employés, d’attractivité doivent être reconnus. Les entreprises qui embrasseront cette évolution dès aujourd’hui se positionneront favorablement pour l’avenir.